Ôkhra, l’écomusée de l’ocre à Roussillon

Un ancien bastion industriel transformé en écomusée

Le village de Roussillon, célèbre pour ses falaises orangées, abrite l’écomusée de l’Ocre, Ôkhra. Niché au pied des Monts de Vaucluse, dans l'emblématique Parc naturel régional du Luberon, ce lieu unique en son genre a une histoire riche. Ce n’est qu’après une période d’abandon dans les années 50 que l’ancienne usine de transformation d’ocre, l’usine Camille Mathieu a été réhabilitée pour devenir l’écomusée actuel.

© Philippe Durand

L’histoire industrielle de l’Ocre

L’histoire de l’ocre remonte à bien plus loin que l’ère industrielle. En effet, depuis l’Antiquité, l’ocre du Luberon a été extraite, exploitée et utilisée pour diverses applications locales. Les Romains, notamment, la destinaient à la peinture de leurs majestueuses fresques, laissant ainsi un héritage indélébile de l’utilisation de ce pigment naturel inaltérable. Nos ancêtres de la préhistoire avaient déjà découvert l’ocre, et n’hésitaient pas à l’utiliser pour orner leurs cavernes. Avec seulement trois couleurs – le noir de charbon, l’ocre rouge et l’ocre jaune – ils parvenaient à créer des oeuvres d’une beauté saisissante. Ils avaient même découvert que la couleur de l’ocre pouvait être intensifiée en la chauffant. C’est toutefois au 18ème siècle que l’exploitation de l’ocre atteint sa véritable envergure industrielle, principalement à Roussillon. A cette époque, l’industrie ocrière du Luberon connaît une prospérité sans précédent, symbolisée par des établissements comme l’usine Mathieu. De nos jours, bien que seule une entreprise continue à extraire l’ocre du Luberon pour la commercialiser, l’ocre reste une ressource précieuse, essentiellement utilisée dans le bâtiment. L’écomusée de l’Ocre à Roussillon, Ôkhra, s’est investi dans la préservation de l’histoire industrielle de l’ocre avec une passion sincère. Les vestiges de l’usine Mathieu, qui produisait jusqu’à 1000 tonnes d’ocre par an de 1920 à 1960, sont maintenus en état et restaurés. Le système de lavage, le four et les moulins témoignent de la complexité du processus de production de l’ocre, de son extraction à son expédition. Ôkhra sert ainsi à la fois de puissant hommage aux travailleurs ocriers qui ont contribué à l’histoire économique et culturelle du Luberon, et de rappel de l’importance fondamentale de l’ocre, un pigment naturel inaltérable qui a su traverser les âges.

© Philippe Durand

La renaissance de l’usine : De l’abandon à l’écomusée

Après son rachat par la commune de Roussillon dans les années 90, l’usine a connu un nouveau souffle de vie. D’abord envisagé comme un centre international de la couleur, l’endroit a connu un véritable tournant avec la création de l’association Ôkhra. Celle-ci a permis d’en faire un lieu dédié à la valorisation des savoir-faire ocriers et des matériaux de la couleur.

Fondée en 1994, l’association Ôkhra s’est transformée en Société Coopérative d’Intérêt Collectif en 2004 et a réorienté ses activités vers la formation aux métiers de la couleur. Ce lieu unique a pris le nom de « conservatoire » pour souligner son rôle essentiel dans la transmission des pratiques ocrières.

Néanmoins, face aux nouvelles normes et à la dernière réforme de la formation professionnelle pour adultes, en 2020, le conservatoire des ocres et de la couleur s’est transformé en écomusée de l’ocre. Aujourd’hui, Ôkhra propose une immersion dans l’histoire et le patrimoine de l’ocre, un matériau qui a façonné l’identité du Roussillon et continue d’être une source de richesse culturelle et économique inépuisable pour le Luberon.

À la découverte de l’écomusée Ôkhra

L’écomusée Ôkhra se présente comme une expérience unique de découverte et de partage pour les personnes de tous âges. En vous promenant à travers les différentes époques, de la Préhistoire à nos jours, vous embarquerez dans une aventure captivante où les ocres et les couleurs sont les protagonistes.

© Philippe Durand

Pour les familles, Ôkhra propose une véritable immersion dans l’aventure de la couleur. Les activités pédagogiques permettent à tout un chacun de toucher les pigments naturels, de créer ses propres peintures et d’apprendre les différentes étapes de la transformation de l’ocre. Un voyage instructif dans le passé vous attend à l’usine Mathieu, vous pourrez tout apprendre sur l’histoire du lieu. La visite guidée-atelier, d’une durée de 1h15, révèle la vie et les secrets des travailleurs de l’ocre à travers un mini-atelier. Profitez également de votre visite pour découvrir l’atelier artisanal de la Coopérative des Couleurs, où sont fabriqués des pastels et aquarelles. Les ateliers pour les familles, organisés pendant les vacances scolaires, sont l’occasion pour les enfants et les parents de fabriquer leur propre ocre de Roussillon et de dévoiler les secrets des encres et peintures dans le cadre de l’atelier « Recettes et secrets ». Pour ceux qui souhaitent approfondir leur apprentissage, des ateliers d’initiation à la journée son proposés chaque mois. Ils offrent aux participants l’opportunité de se familiariser avec la fabrication de peintures naturelles et des enduits tels que la chaux, les badigeons, le tadelakt et le marmorino. De plus, le comptoir-librairie d’Ôkhra propose une sélection de produits liés à l’univers de la couleur.

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